Au Bar des Affreux : des tourments à revendre

Publié le par ALTERS ECHOS, le journal


Cette fois je connais les deux bavards qui aiment se retrouver au Bar des Affreux, l’un est un instit occitaniste adepte du Perroquet et l’autre un cheminot socialiste attaché au Tomate. En ce 25 septembre l’actualité ne manque pas de sel pour alimenter une conversation que je prends en cours de route. Je précise aussi que je connais ce bar de Carcassonne où en 1988 on m’invita à y boire un Juquin, même si la couleur était peu engageante (le Whisky n’y est pas servi).

 

- Le cheminot : Depuis que je te le dis que dans l’Aude les socialistes tiennent la route !

- L’instit : Parce que, 26 ans après, ils reprennent la mairie de Carcassonne ?

- Le cheminot : Tu ne fais pas cas de la manière ? Tout de même 54% au second tour ce qui, sans alliance de second tour, représente la somme des voix Vertes et une part du Modem, deux partis qui ont retrouvé leur faible score de 2008, avec presque 1% de plus pour Entajan le tête de liste vert malgré le tapage qu’il représentait !

- L’instit : A droite aussi il y a eu 1% de plus pour le FN qui passe ainsi de justesse la barre de 5%. Mais laisse Carcassonne, je voulais parler de ton secrétaire fédéral qui aspire, l’audacieux, à prendre la place de Georges Frêche ! Même exclu du PS, Georges va vous en faire baver !

- Le cheminot : D’accord le vote du 1er octobre va être spectaculaire pour choisir la tête de liste de la gauche aux Régionales, mais les autres partis ne sont pas dans une meilleure configuration ! Regarde les Verts à Carcassonne, regarde le PCF partout, que vont-ils faire ?

-L’instit : J’en conviens, l’appui tonitruant de José Bové à Jojo en 2004 n’était pas du meilleur effet même si le petit malin du Larzac prétendait l’atténuer par un soutien à M-G Buffet en région parisienne. Frêche c’est un baron d’empire depuis longtemps, un Defferre à jamais !

- Le cheminot : Et en tant qu’historien il sait de quoi il en retourne quant à l’Empire.

- L’Instit : Et en tant qu’ancien Mao de la FCML, il sait aussi. Du temps où il signait Georges Lierre… il a grimpé depuis. Il faudra que quelqu’un demande à Bové si leur amitié remonte à cette époque là !

- Le cheminot : T’en connais un bout sur l’histoire des Maos ! Mais Frêche, quand il va aux inaugurations, plutôt que de grands discours, il préfère taper la belote au bistrot du coin ! Parce que tu es occitaniste tu aurais un faible pour cet enfoiré de maire de Béziers qui va représenter la droite ? Avale bien ta salive, la victoire de la gauche c’est avec Frêche où c’est raté. Du haut de ses 120 kg il fait trembler l’adversaire, tandis qu’avec Eric Andrieu bien qu’il soit de l’Aude, on ne sait pas ce qui peut arriver !

- L’instit : Ne t’emporte pas, il sera peut-être battu par Alain Bertrand, le maire de Mende qui, s’il est choisi comme tête de liste des socialistes, est encore plus clair qu’Andrieu quant à sa volonté de dérouler le tapis rouge devant Jojo !

-Le cheminot : D’après toi, est-ce qu’on pourrait pas se mettre d’accord autour de Didier Codorniou, parce que chez nous, avec le rugby on est sûr de gagner. Même les Catalans pourraient voter à gauche !

- L’instit : Mais bien sûr, en appeler au cirque médiatique pour régler les différents politiques ! Quelle galère, quelle galère ! Et Ségolène qui est venu dans la région pour y mettre son grain de poivre ! J’en éternue encore.

- Le cheminot : Ségolène, égale à elle-même, vit sur son nuage et croit en sa bonne étoile. Qu’est-ce que tu veux, elle n’est pas de l’Aude ! Moi, ce que je te dis, c’est que l’expérience de Carcassonne, c’est du solide, la preuve que l’entente à gauche a de beaux jours devant elle !

- L’instit : Tu appelles « entente » le pire jeu des marchandages. Si Frêche est choisi, je donne pas cher de la peau de la maire socialiste de Montpellier… C’est au couteau qu’on se bat chez vous !

- Le cheminot : Hélène n’est pas une Ségolène mais avoue que les femmes en politique c’est toujours du Voynet au même. Elles foncent sans se garder sur leurs arrières.

- L’instit : Ne me prends pas pour plus Vert que je ne suis ! Tu sais bien qu’il y a longtemps que je ne vote plus !

- Le cheminot : Même au second tour de la dernière municipale de Carcassonne ?

- L’instit : Même pour un socialiste de l’Aude ! La course politique est devenue une course au pouvoir. C’est comme si au rugby, il s’agissait de garder le ballon sans chercher à marquer des points !

- Le cheminot : Je connais la rengaine, même dans sa version la plus pire qui fait les éloges de ceux qui marquent des points contre leur camp, en privatisant à tout va sous les bons auspices de Jospin. Merde, laisse les rengaines, les leçons ont été tirés, le sais-tu ?

- L’instit : Dans notre société, les seuls points qui comptent, c’est quand tu es filmé avec le ballon ! Dans les manifs syndicales le nombre de manifestants remplace les succès revendicatifs. Exemple : samedi à Montpellier il était prévu que Georges Frêche ne soit pas pris en photo aux côtés de Ségolène. Il est allé l’attendre à sa descente du train et voilà comment le Midi Libre montre trois fois les deux personnages ensemble, avec ce mot de Jojo : « J’aime sa pugnacité ».

- Le cheminot : Bref, tu crois que pour les Régionales 2010, c’est le Midi Libre qui va décider du résultat, et que les partis politiques jouent seulement dans les coulisses ?

- L’instit : Vois-tu, depuis 2004, Frêche est en passe de tombe dans les coulisses et Bové roule des mécaniques au Parlement européen !

- Le cheminot : Mais laisse donc 2004. En 2010 c’est un autre jour !

- L’instit : Et Gayssot avec, c’est un terrible autre jour ! J’étais abonné à Politis et quand j’ai vu sa signature sur un appel bidonné par le journal je l’ai envoyé en enfer !

- Le cheminot : T’es prêt pour le FN et son slogan : « tous pourris » !!!

-L’instit : T’énerves pas, le 2 octobre, quel que soit le résultat je t’offre une bonne bouteille de Nourritures Terrestres. J’ai lu sur Internet que le vin se boit en Midi-Pyrénées, il ne nous faudrait pas être en reste…

- Le cheminot : Oui, retrouvons du solide, avec notre cher vigneron Damien Baudouy de Peyriac d’Aude. Ton idée nous fera oublier qu’on tourne en rond.

- L’instit : Tu veux dire qu’on tourne en bourrique !

- Le cheminot : Nous, c’est lieux de tourner en barrique !

 

J’ai laissé là les deux hommes, pour un homme à rendre à un vieil Audois, né à Point-à-Pitre dont le nom du père était l’anagramme du nom de la mère, et dont la tombe est celle d’un exilé.

                                                          24-09-09  Jean-Paul Damaggio

Publié dans Elections régionales

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