N° 46 : " L'ETRANGER : UNE RICHESSE "

Publié le par ALTERS ECHOS, le journal

N° 46 : " L'ETRANGER : UNE RICHESSE "

**EDITO**

 

 

Tchawa, née au Togo, dentiste dans son pays, fuit en France.

Abdel, médecin à Alep en Syrie fuit les horreurs qui touchent sa famille. Fuite en Arabie Saoudite, passage aux États-Unis puis arrivée en France.

Deux parcours différents mais une destination commune, la France.

Deux destins que nous avons rencontré, partagé. Une femme, un homme qui nous ont raconté leurs parcours, leurs mal-être, leurs angoisses, leurs persécutions. Puis leur fuite, douloureuse,  pour abandonner leur histoire, leur pays, ne plus  subir les vicissitudes, leurs agressions, surtout pour les femmes, lors de leur fuite.

Et arriver en France. N'être acceptés que comme réfugiés, ne pas se voir reconnus avec leurs compétences et leurs diplômes niés.

L'un a eu la capacité de repasser des examens qualifiants.

L'autre, épuisée par son parcours, mère de trois enfants n'a pas pu parcourir ce parcours d'obstacles.

Tous les deux étaient diplômés et méritants. L'un a parcouru cette épreuve, l'autre a renoncé.

L'une a du devenir femme de chambre, l'autre est redevenu médecin.

Mais les deux ont accepté de nous raconter leur épopée. Puis, quelques jours après, les deux nous ont rappelé, nous demandant de ne pas publier leurs témoignages, leurs histoires.

Bien évidemment, nous ne le ferons pas. Mais il nous a semblé essentiel de signifier par leur refus à quel point l'angoisse de la fuite, la culpabilité sans doute de renoncer, la peur d'être reconnu, retrouvé, minent le devenir de ces migrants.

Ce sont deux parcours. Ce sont des milliers de trajectoires, des compétences, des diplômes qui sombrent dans la Méditerranée, aux passages des frontières. Ce sont des personnes, des histoires englouties dans la brutalité des frontières, de Frontex et des discours d'exclusion. Ce sont des pépites que notre société rejette.

C'est le sens de ce numéro, montrer la richesse apportée par toutes et tous qui nous rejoignent à l’image d’André (p.5) ou d’Ibro (p.8). D’autres aussi, appuyés par des associations qui leur rendent leur dignité, leur identité, leur font retrouver le travail qui était le leur (p.2,3 et p.4)

 

Alters Echos

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