N° 41 " EDUCATION POPULAIRE "
**EDITO**
L’éducation populaire est quasiment née en même temps que l’industrialisation et le développement du capitalisme (1) au milieu du XIXème siècle. La promotion d’une éducation visant à améliorer les conditions sociales du peuple, à l’« enrichir », à porter la culture là où l’enseignement institutionnel était absent répondait à la situation. En 1866 quand Jean Macé créé la Ligue de l’enseignement, c’est seulement dans la moitié des départements que le taux de scolarisation est de 100 %. Le chantier est donc énorme. Et l’éducation du peuple par le peuple est tant une nécessité qu’une alternative pour des mouvements comme la Ligue de l’enseignement s’inscrivant sur une défense de la laïcité face à l’école confessionnelle ou d’autres mouvements d’éducation chrétiens. Savoir pour s’émanciper… Les mouvements d’éducation populaire ont toujours été des mouvements de résistance. Ces mouvements se sont donc bâtis sur des valeurs. L’émancipation, donc, mais aussi la laïcité, la citoyenneté qui fait naître droits et devoirs, le respect de l’autre et l’écoute de l’autre, la solidarité…
Pourtant ces valeurs semblent aujourd’hui plus que jamais bafouées. Comme le résume Eric Favey de la Ligue de l’enseignement, « La famille, c’est l’éducation de chacun. L’école, c’est l’éducation pour tous. L’éducation populaire, c’est l’éducation par tous, tout au long de la vie. » Mais force est de constater aujourd’hui que le trépied est bancal. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ou qu’est ce qui peut nous laisser croire que l’éducation populaire a, justement, au regard de la crise de la société, des réponses pertinentes à apporter ? Nous avons peut-être plus que jamais besoin de l’éducation populaire. C’est cette réflexion que nous vous proposons dans ce numéro d’Alters Echos à travers des acteurs ou des mouvements qui se réclament de l’éducation populaire 150 ans après les fondations posées par Jean Macé.
Pour notre part, nous pourrions faire nôtre la synthèse d’Eric Favey (encore): « Là où, il y a plus d’un siècle, l’éducation populaire, ses militants, ses initiatives, avaient pour objet de faire « une culture avec des peuples », la culture politique dela République, l’objet n’est-il pas aujourd’hui de faire un « peuple avec des cultures? »
Alters Echos
(1) encore que… Sébastien Pouget, chercheur à l’Université de
Toulouse vient de tirer de l’oubli une thèse de Germain Sicard datant de 1952 qui explique que le capitalisme est né au XIVème siècle à Toulouse ! La première société par actions moderne fut créée au Bazacle sur les bords de la Garonne au Moyen Âge. Les Moulins du Bazacle, étaient des sociétés dans lesquelles des actionnaires amenaient du capital dans le but de recevoir des dividendes en grain ou en argent. Ils apportaient du capital mais ne travaillaient pas eux-mêmes.
Donc…